Artemisia annua, l'Armoise annuelle ou Absinthe chinoise, est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Asteraceae, sous-famille des Asteroideae. Ce sont des plantes herbacées annuelles, glabres. Originaire d'Eurasie et d'Afrique du Nord, l'espèce a été introduite en Europe et en Amérique1.
L'Armoise annuelle contient plusieurs substances actives, notamment l'artémisinine, dont la teneur varie fortement selon sa provenance. Utilisée en médecine traditionnelle chinoise pour lutter contre les fièvres, elle est présente dans sa pharmacopée depuis plus de 2 000 ans, généralement associée avec d'autres plantes. Depuis les années 1970 on l'étudie notamment dans le traitement du paludisme.
L'Armoise annuelle est proposée sous forme de tisanes, de comprimés ou de teinture comme complément alimentaire, pour le traitement de nombreuses maladies. En août 2020, l'OMS « appelle à une extrême prudence vis-à-vis de ces informations vantant l'efficacité de tels produits » dans le traitement du paludisme dans le contexte de la pandémie de COVID-192. Un article de recherche d'octobre 2023 intitulé Propriétés antivirales, virucides et antioxydantes d'Artemisia annua contre le CoV-2 du SRAS montre qu'un composant de l'armoise annuelle inhibe la réplication virale du SRAS-CoV-2[réf. nécessaire].
On extrait également de cette plante une huile essentielle aux propriétés antiseptiques, utilisée en parfumerie et cosmétique. L'armoise annuelle est plantée aussi à Java pour ses qualités ornementales.
Utilisation médicinale
Un usage très controversé
Malgré de nombreuses études scientifiques, il n'y a pas de confirmation scientifique par un article paru dans une revue à comité de lecture pour valider l'usage de la plante. Pourtant il persiste grâce à son utilisation traditionnelle en Chine et un intense lobbying commercial mêlé de politique locale en Afrique et à MadagascarInterprétation abusive ?.
En médecine traditionnelle chinoise la plante est utilisée en tisane pour traiter la fièvre21 et en Corée contre la fièvre et les inflammations comme en témoigne depuis trois siècles le Donguibogam: Principles and Practice of Eastern Medicine, un texte compilé en 161322.
En 2012, l'OMS a même déconseillé « formellement l’utilisation de feuilles séchées en raison de la concentration faible et variable d’artémisine dans la plante et de sa dégradation dans l’eau à forte température »23,24,25 et tend à réglementer les programmes de soins et de culture26.
Devant l'énorme besoin de trouver un traitement contre la Covid-19, l'OMS a néanmoins accepté d’inclure le traitement malgache Covid-Organics dans les essais cliniques du programme Solidarity Trial27. Ainsi le 4 mai 2020, elle précise que : « Des plantes médicinales telles qu'Artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables »28. Cependant l'OMS ne conseille pas le remède, en l'absence de preuves scientifiques sur son efficacité29 et, en août 2020,« appelle à une extrême prudence vis-à-vis de ces informations vantant l’efficacité de tels produits »2.
En août 2021, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, annonce une nouvelle phase de son essai clinique Solidarity PLUS. Trois traitements seront testés dans le cas de la recherche de molécules efficaces contre la Covid-19 : l’imatinib et l’infliximab et l’artésunate, dérivé semi-synthétique de l’artémisinine pour réduire le risque de décès chez des patients hospitalisés avec Covid-1930,31.
En France, l’ANSM a fait une notice de mise en garde en mai 2020, « contre les produits présentés sur Internet comme des solutions au COVID-19, dont l’Artemisia annua », et interdit à plusieurs opérateurs de commercialiser des produits contenant de l’Artemisia annua en 2015 et 201732.
Malgré des rapports anecdotiques sur l'utilisation d'Artemisia annua contre la Covid-19 en Chine, il n'y a aucune preuve claire de l'efficacité de cette infusion contre l'infection, et aucune étude clinique n'a été menée33,34.
Une étude scientifique publiée en 2018 affirmait que la tisane d'Artemisia annua, tout comme la tisane d'Artemisia afra, constituait un traitement efficace contre le paludisme, plus efficace même que les traitements dits "ACT", préconisés par les autorités de santé. L'étude a cependant dû être rétractée pour divers problèmes mettant en cause aussi bien la fiabilité des données que le respect des règles éthiques35,36,37.
A Madagascar, le doyen de la faculté de médecine de Toamasina, le Dr Stéphane Ralandison, met en garde contre les méthodes « pas bien scientifiques » qui président au lancement de la tisane Covid-Organics (CVO) destinée à lutter contre le Covid-1938. En mai 2020, celui-ci (renommé "Tambavy CVO" pour les Malgaches) n'a toujours pas fait l'objet d'études cliniques et son efficacité est contestée39 mais il est pourtant disponible en sachets-doses dans toutes les pharmacies de la capitale malgache depuis juillet 202040. Comme pour la tisane, il n'existe aucune preuve scientifique de l'efficacité du "CVO PLUS" 29.
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